Troubles restrictifs : Définition et prise en charge - Santé et Maladie

Troubles restrictifs : Définition et prise en charge

Les troubles restrictifs : Comprendre, Diagnostiquer et Traiter

Personne stressée tenant sa tête

Les troubles restrictifs englobent un ensemble de conditions caractérisées par une limitation persistante des apports nutritionnels entraînant des carences significatives, une perte de poids ou un retard de croissance. Ces troubles, qui incluent notamment l'anorexie mentale restrictive, peuvent avoir des conséquences graves sur la santé physique et mentale. Cet article explore en détail tous les aspects des troubles restrictifs.

Définition et classification

Les troubles restrictifs se caractérisent par une réduction volontaire ou involontaire des apports alimentaires sans comportement de purge (vomissements provoqués, utilisation de laxatifs). Selon le DSM-5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), ils font partie des troubles de l'alimentation et du comportement alimentaire.

Types de troubles restrictifs

  • Anorexie mentale de type restrictif : restriction alimentaire sévère sans épisodes de boulimie ou de purge
  • ARFID (Avoidant/Restrictive Food Intake Disorder) : trouble caractérisé par une limitation des apports sans préoccupation du poids ou de l'image corporelle
  • Trouble restrictif induit par une autre condition médicale : perte d'appétit liée à des maladies chroniques, des troubles digestifs ou des douleurs
À savoir : L'ARFID est un diagnostic relativement nouveau, introduit dans le DSM-5 en 2013 pour décrire les troubles restrictifs sans distorsion de l'image corporelle.

Symptômes et manifestations

Balance et ruban de mesure

Symptômes physiques

  • Perte de poids significative ou incapacité à prendre du poids chez les enfants/adolescents
  • Amincissement extrême (IMC ≤ 17,5 chez l'adulte)
  • Fatigue chronique et faiblesse musculaire
  • Aménorrhée (absence de règles) chez les femmes
  • Hypothermie (baisse de la température corporelle)
  • Chute de cheveux, peau sèche, ongles cassants

Symptômes psychologiques et comportementaux

  • Peur intense de prendre du poids (dans l'anorexie restrictive)
  • Distorsion de l'image corporelle
  • Rituels alimentaires complexes (tri des aliments, découpage en petits morceaux)
  • Évitement des situations sociales impliquant de la nourriture
  • Hyperactivité physique paradoxale malgré la fatigue

Diagnostic et bilans

Le diagnostic des troubles restrictifs repose sur une évaluation pluridisciplinaire incluant un examen médical complet, une évaluation nutritionnelle et une évaluation psychiatrique.

Critères diagnostiques (DSM-5)

  • Restriction des apports énergétiques par rapport aux besoins
  • Peur intense de prendre du poids ou de devenir gros (non présent dans l'ARFID)
  • Perturbation de la perception du poids ou de la forme de son corps
  • Pour l'anorexie : IMC significativement bas (≤ 17,5 chez l'adulte)

Examens complémentaires

  • Bilan biologique : NFS, ionogramme, fonctions hépatique et rénale, protéinémie, préalbumine, vitamines et minéraux
  • Bilan endocrinien : TSH, T3, T4, cortisol, œstrogènes/testostérone
  • Examens d'imagerie : DEXA (ostéodensitométrie) en cas de suspicion d'ostéoporose
  • ECG : recherche de troubles du rythme liés aux déséquilibres électrolytiques
Attention : Un diagnostic précoce est crucial car les complications médicales des troubles restrictifs peuvent être graves voire mortelles (dénutrition sévère, troubles cardiaques).

Traitements et prise en charge

Main tenant une pomme et un stéthoscope

La prise en charge des troubles restrictifs nécessite une approche multidisciplinaire combinant réhabilitation nutritionnelle, psychothérapie et traitement des complications médicales.

Approches thérapeutiques

  • Réhabilitation nutritionnelle : reprise progressive et surveillée des apports caloriques sous contrôle médical
  • Psychothérapies : TCC (thérapie cognitivo-comportementale), thérapie familiale (pour les adolescents), thérapie interpersonnelle
  • Thérapies médicamenteuses : antidépresseurs (si trouble dépressif associé), compléments vitaminiques et minéraux
  • Hospitalisation : nécessaire en cas de dénutrition sévère (IMC inférieur à 14) ou de complications médicales graves

Nouvelles approches

  • Thérapie par exposition pour l'ARFID
  • Thérapies basées sur la pleine conscience (mindfulness)
  • Utilisation de la réalité virtuelle pour travailler sur l'image corporelle

Conseils et recommandations

Pour les patients

  • Ne pas minimiser la gravité des symptômes
  • Accepter l'aide professionnelle le plus tôt possible
  • Éviter l'isolement social
  • Se fixer des objectifs progressifs et réalisables

Pour l'entourage

  • Éviter les commentaires sur le poids ou l'apparence physique
  • Encourager sans forcer
  • Se former aux signes d'alerte
  • Prendre soin de soi pour éviter l'épuisement

Prévention

  • Éducation nutritionnelle précoce
  • Promotion d'une image corporelle positive
  • Dépistage précoce dans les populations à risque (sportifs, danseurs, mannequins)

Références et sources

1. American Psychiatric Association. (2013). Diagnostic and statistical manual of mental disorders (5th ed.).

2. Haute Autorité de Santé (2010). Anorexie mentale : prise en charge.

3. National Institute for Health and Care Excellence (2017). Eating disorders: recognition and treatment.

4. Treasure, J., et al. (2020). Eating disorders. The Lancet, 395(10227), 899-911.

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