Le syndrome de Cushing : Diagnostic et traitement - Santé et Maladie

Le syndrome de Cushing : Diagnostic et traitement

Le syndrome de Cushing : Comprendre, Diagnostiquer et Traiter

Représentation médicale des glandes surrénales

Définition du syndrome de Cushing

Le syndrome de Cushing est un trouble endocrinien rare résultant d'une exposition prolongée à des niveaux élevés de cortisol dans l'organisme. Cette pathologie doit son nom au neurochirurgien Harvey Cushing qui l'a décrite pour la première fois en 1932. Le cortisol, souvent appelé "hormone du stress", est produit par les glandes surrénales et joue un rôle crucial dans la régulation du métabolisme, de la pression artérielle et de la réponse immunitaire.

Le syndrome de Cushing affecte environ 10 à 15 personnes par million chaque année, avec une prédominance chez les femmes (ratio 3:1 par rapport aux hommes). Il survient le plus souvent entre 20 et 50 ans.

Les causes du syndrome de Cushing

Le syndrome peut être classé en deux catégories principales selon son origine :

1. Cushing endogène (origine interne)

  • Maladie de Cushing (70% des cas) : Adénome hypophysaire sécrétant de l'ACTH
  • Sécrétion ectopique d'ACTH (15%) : Tumeurs pulmonaires, pancréatiques ou thymiques
  • Adénome ou carcinome surrénalien (15%) : Tumeur des glandes surrénales

2. Cushing exogène (origine externe)

  • Utilisation prolongée de corticostéroïdes (prednisone, dexaméthasone)
  • Utilisation excessive de crèmes corticostéroïdes sur de grandes surfaces cutanées
Représentation du système endocrinien

Symptômes du syndrome de Cushing

Les manifestations cliniques sont variées et progressives, ce qui rend souvent le diagnostic difficile aux stades précoces :

Signes physiques caractéristiques

  • Prise de poids centripète (obésité du tronc avec membres fins)
  • Visage rond et rouge ("face de lune")
  • Bosse de bison (accumulation de graisse entre les épaules)
  • Vergetures pourpres larges (>1cm) sur l'abdomen, les cuisses
  • Peau fine, fragile, avec ecchymoses faciles
  • Acné, hirsutisme (pilosité excessive chez la femme)

Manifestations métaboliques

  • Diabète ou intolérance au glucose
  • Hypertension artérielle
  • Dyslipidémie
  • Ostéoporose avec risque fracturaire accru

Symptômes psychologiques et neurologiques

  • Fatigue, faiblesse musculaire
  • Irritabilité, labilité émotionnelle
  • Dépression, troubles cognitifs
  • Insomnie

Attention : La présence isolée d'un ou deux symptômes ne signifie pas nécessairement un syndrome de Cushing. Le diagnostic requiert une évaluation médicale complète avec tests biologiques spécifiques.

Médecin analysant des résultats médicaux

Diagnostic du syndrome de Cushing

Le diagnostic comporte plusieurs étapes et repose sur des tests biologiques spécifiques :

1. Dépistage initial

  • Cortisol libre urinaire sur 24h : Valeurs élevées (>90 µg/24h)
  • Test de freinage à la dexaméthasone (1mg) : Cortisol > 50 nmol/L le lendemain matin
  • Cortisol salivaire de minuit : Valeur > 3,6 nmol/L

2. Confirmation diagnostique

  • Test de freinage fort à la dexaméthasone (2mg/j pendant 2 jours)
  • Courbe de cortisol sur 24h (perte du rythme circadien)
  • Dosage de l'ACTH pour déterminer l'origine (hypophysaire, surrénalienne ou ectopique)

3. Localisation de la source

  • IRM hypophysaire (pour rechercher un adénome)
  • Scanner surrénalien
  • Scintigraphie au Octreoscan (si suspicion de sécrétion ectopique)
  • Cathétérisme des sinus pétreux (dans les cas complexes)

Traitements du syndrome de Cushing

La prise en charge dépend de la cause sous-jacente et doit être individualisée :

Traitement des causes endogènes

  • Chirurgie : Ablation de la tumeur (hypophysaire, surrénalienne ou ectopique)
  • Radiothérapie : Pour les adénomes hypophysaires non résécables
  • Traitements médicamenteux :
    • Inhibiteurs de la stéroïdogenèse (kétoconazole, métopirone)
    • Antiglucocorticoïdes (mifépristone)
    • Analogues de la somatostatine (pasiréotide)

Prise en charge du Cushing iatrogène

  • Réduction progressive des corticostéroïdes sous surveillance médicale
  • Substitution par d'autres immunomodulateurs si possible
  • Traitement des symptômes associés (diabète, hypertension)
Équipe médicale en consultation

Pronostic et complications

Non traité, le syndrome de Cushing entraîne une morbidité et une mortalité importantes :

  • 50% de décès à 5 ans par complications cardiovasculaires ou infectieuses
  • Risque accru d'infarctus, d'AVC, d'embolie pulmonaire
  • Infections opportunistes fréquentes
  • Détérioration de la qualité de vie

Après traitement réussi, la plupart des symptômes régressent en 6 à 18 mois, mais certaines séquelles peuvent persister (hypertension, diabète, ostéoporose).

Conseils et recommandations

Pour les patients

  • Suivi régulier endocrinologique à vie après traitement
  • Surveillance du poids, de la tension artérielle, de la glycémie
  • Apport calcique et vitamine D pour l'ostéoporose
  • Activité physique adaptée pour reconstruire la masse musculaire
  • Soutien psychologique si nécessaire

Pour les professionnels de santé

  • Penser au Cushing devant un diabète/hypertension d'apparition récente chez un jeune
  • Éviter les prescriptions prolongées de corticostéroïdes sans réévaluation
  • Orienter rapidement vers un endocrinologue en cas de suspicion
  • Surveillance accrue des patients sous corticothérapie au long cours

Références et sources

1. NIH - National Institute of Diabetes and Digestive and Kidney Diseases (2022) - Cushing's Syndrome

2. Société Française d'Endocrinologie (2021) - Recommandations pour le diagnostic du syndrome de Cushing

3. The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism (2020) - Management of Endogenous Cushing's Syndrome

4. Orphanet - Encyclopédie des maladies rares (2023)

5. Mayo Clinic Guidelines (2022) - Cushing syndrome diagnosis and treatment

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