Le paludisme (ou Malaria) - Santé et Maladie

Le paludisme (ou Malaria)

Le paludisme (ou Malaria)

Moustique Anophèle vecteur du paludisme

Le paludisme, également appelé malaria, est une maladie infectieuse potentiellement mortelle causée par des parasites du genre Plasmodium transmis à l'homme par les piqûres de moustiques femelles infectés du genre Anophèles. C'est une maladie tropicale négligée qui touche principalement les régions chaudes et humides d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine.

Chiffres clés : Selon l'OMS, en 2021, on estimait à 247 millions le nombre de cas de paludisme dans le monde et à 619 000 le nombre de décès. Les enfants de moins de 5 ans représentent environ 80% de tous les décès palustres en Afrique.

Définition et causes

Le paludisme est une maladie parasitaire causée par cinq espèces de protozoaires du genre Plasmodium :

  • Plasmodium falciparum : le plus dangereux, responsable de la majorité des décès
  • Plasmodium vivax
  • Plasmodium ovale
  • Plasmodium malariae
  • Plasmodium knowlesi (plus rare)

Le cycle de transmission implique deux hôtes : l'homme et le moustique anophèle. Lorsqu'un moustique infecté pique un humain, il injecte des sporozoïtes qui migrent vers le foie où ils se multiplient. Après maturation, les parasites envahissent les globules rouges, provoquant les symptômes caractéristiques de la maladie.

Zone à risque de paludisme dans le monde

Symptômes du paludisme

Les symptômes apparaissent généralement 10 à 15 jours après la piqûre du moustique infectieux. Le paludisme se caractérise par des accès fébriles cycliques qui évoluent en trois phases :

1. Phase de frissons

Frissons intenses avec sensation de froid, tremblements, durant 1 à 2 heures.

2. Phase de chaleur

Fièvre élevée (jusqu'à 41°C), céphalées, vomissements, convulsions (chez les enfants), durant 3 à 4 heures.

3. Phase de sueurs

Transpiration abondante avec retour à une température normale et fatigue intense.

Attention : Le paludisme à P. falciparum peut évoluer rapidement vers une forme grave avec complications neurologiques (paludisme cérébral), insuffisance rénale, œdème pulmonaire, hypoglycémie ou anémie sévère. C'est une urgence médicale absolue.

Diagnostic du paludisme

Le diagnostic repose sur :

  • L'examen clinique : recherche des symptômes caractéristiques et histoire de voyage en zone endémique
  • Les tests parasitologiques :
    • Frottis sanguin (goutte épaisse et mince) - méthode de référence
    • Tests de diagnostic rapide (TDR) détectant des antigènes parasitaires
  • PCR : pour identification précise de l'espèce dans les cas complexes
Diagnostic du paludisme au microscope

Bilans complémentaires

En cas de paludisme confirmé, des examens complémentaires sont nécessaires pour évaluer la gravité :

  • Numération formule sanguine (anémie, thrombopénie)
  • Fonction rénale (créatinine, urée)
  • Glycémie
  • Bilan hépatique
  • Gaz du sang (acidose)
  • Coagulation (TP, TCA)

Traitement du paludisme

Le traitement dépend de l'espèce de Plasmodium, de la gravité de la maladie et de la sensibilité aux médicaments dans la région concernée.

Paludisme simple

  • P. falciparum : Combinaisons thérapeutiques à base d'artémisinine (ACT) comme artéméther-luméfantrine ou artésunate-amodiaquine
  • P. vivax/P. ovale : Chloroquine (si sensible) + primaquine pour éradiquer les formes hépatiques dormantes

Paludisme grave

  • Artésunate intraveineux (traitement de référence)
  • Quinine intraveineuse en alternative
  • Traitement des complications (réanimation)
Résistance : Des résistances aux antipaludiques sont apparues dans plusieurs régions du monde, compliquant la prise en charge. La prévention reste donc essentielle.
Médicaments contre le paludisme

Prévention et conseils

La prévention du paludisme repose sur deux axes : éviter les piqûres de moustiques et prendre une chimioprophylaxie si nécessaire.

Protection contre les moustiques

  • Moustiquaires imprégnées d'insecticide (perméthrine ou deltaméthrine)
  • Vêtements couvrants imprégnés d'insecticide
  • Répulsifs cutanés (DEET, icaridine, IR3535)
  • Pulvérisation intradomiciliaire d'insecticide
  • Climatisation ou ventilation des pièces

Chimioprophylaxie

Le choix du médicament dépend de la zone visitée et des résistances :

  • Atovaquone-proguanil
  • Doxycycline
  • Méfloquine
  • Chloroquine (dans les rares zones sans résistance)
Vaccination : Le vaccin RTS,S/AS01 (Mosquirix™) est recommandé par l'OMS depuis 2021 pour les enfants vivant dans les zones de transmission modérée à élevée de P. falciparum. C'est le premier vaccin antipaludique à avoir démontré une efficacité partielle.

Recommandations pour les voyageurs

  • Consulter un médecin ou centre de vaccination avant tout voyage en zone endémique
  • Commencer la chimioprophylaxie avant le départ (selon le médicament)
  • Poursuivre le traitement après le retour (durée variable selon le produit)
  • Rester vigilant pendant 2 mois après le retour (délai d'incubation maximal)
  • En cas de fièvre au retour, consulter en urgence en mentionnant le voyage
Prévention contre les moustiques

Perspectives et recherche

La lutte contre le paludisme repose sur :

  • Le développement de nouveaux insecticides et stratégies de lutte antivectorielle
  • L'amélioration des vaccins existants et recherche de nouveaux candidats vaccins
  • La découverte de nouveaux antipaludiques face aux résistances
  • Les moustiques génétiquement modifiés (approche controversée)
  • Le renforcement des systèmes de santé dans les pays endémiques
Sources et références :
  • Organisation Mondiale de la Santé (OMS) - Rapport sur le paludisme dans le monde 2022
  • Centers for Disease Control and Prevention (CDC) - Malaria Guidelines
  • Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF) - Recommandations 2021
  • Institut Pasteur - Fiches maladies : Paludisme
  • Ministère des Solidarités et de la Santé - Conseils aux voyageurs

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