L'artérite : Comprendre, Diagnostiquer et Traiter cette Pathologie Vasculaire
Représentation schématique du système artériel (Image libre de droits - Unsplash)
L'artérite, également appelée artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI), est une maladie vasculaire caractérisée par le rétrécissement ou l'obstruction des artères, réduisant ainsi le flux sanguin vers les tissus. Cette pathologie, souvent liée à l'athérosclérose, touche principalement les membres inférieurs mais peut concerner d'autres artères. Dans cet article, nous explorerons en détail tous les aspects de l'artérite, de sa définition à sa prise en charge thérapeutique.
Définition et mécanismes de l'artérite
L'artérite est une maladie chronique évolutive qui se caractérise par l'obstruction progressive des artères, généralement causée par la formation de plaques d'athérome (dépôts de lipides, de calcium et de tissu fibreux) sur la paroi interne des vaisseaux sanguins. Ce processus, appelé athérosclérose, entraîne un rétrécissement (sténose) ou une occlusion complète de l'artère, limitant l'apport en oxygène et nutriments aux tissus en aval.
À savoir : Le terme "artérite" est souvent utilisé pour désigner spécifiquement l'artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI), mais il peut aussi s'appliquer à d'autres formes d'atteintes artérielles comme la maladie de Takayasu ou l'artérite temporale.
Les différents types d'artérite
- Artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) : La forme la plus courante, touchant principalement les artères des jambes
- Artérite des membres supérieurs : Plus rare, affectant les bras
- Maladie de Takayasu : Artérite inflammatoire touchant l'aorte et ses branches
- Artérite temporale (maladie de Horton) : Inflammation des artères temporales
- Artérite à cellules géantes : Forme systémique d'artérite
Symptômes et manifestations cliniques
Les symptômes de l'artérite varient selon le stade de la maladie et les artères touchées. Dans le cas de l'AOMI, la manifestation la plus caractéristique est la claudication intermittente, une douleur musculaire apparaissant à l'effort et disparaissant au repos.
Symptômes principaux
- Claudication intermittente : Douleur à la marche, souvent au mollet, obligeant à s'arrêter
- Douleurs au repos : Dans les stades avancés, douleurs même sans effort
- Froid et pâleur du membre atteint
- Diminution ou abolition des pouls périphériques
- Paresthésies : Sensations de picotements ou engourdissements
- Ulcères ou nécroses : Dans les cas sévères, pouvant mener à la gangrène
Examen clinique des pouls périphériques (Image libre de droits - Unsplash)
Classification de Leriche et Fontaine
L'artérite est classée en différents stades selon la gravité des symptômes :
- Stade I : Asymptomatique ou symptômes mineurs
- Stade II : Claudication intermittente (IIa : >200m, IIb : inférieur à 200m)
- Stade III : Douleurs au repos
- Stade IV : Lésions trophiques (ulcères, gangrène)
Diagnostic de l'artérite
Le diagnostic de l'artérite repose sur un ensemble d'examens cliniques et paracliniques visant à évaluer l'état des artères et l'importance de l'ischémie.
Examen clinique
- Recherche des pouls périphériques (fémoral, poplité, pédieux, tibial postérieur)
- Mesure de l'index de pression systolique (IPS)
- Ausculation des trajets artériels à la recherche de souffles
- Inspection des membres (couleur, température, trophicitée)
Attention : Un IPS < 0,9 est pathologique et suggère une artériopathie. Un IPS < 0,4 indique une ischémie sévère.
Examens complémentaires
- Échodoppler artériel : Examen de première intention, non invasif
- Angioscanner : Permet une visualisation précise des lésions
- Angio-IRM : Alternative au scanner sans irradiation
- Artériographie : Examen de référence mais invasif
- Mesure transcutanée de la pression en oxygène (TcPO2) : Pour évaluer l'ischémie critique
Facteurs de risque et prévention
L'artérite partage les mêmes facteurs de risque que les autres maladies cardiovasculaires liées à l'athérosclérose.
Principaux facteurs de risque cardiovasculaire (Image libre de droits - Unsplash)
Facteurs de risque majeurs
- Tabagisme : Le principal facteur de risque (risque multiplié par 3 à 5)
- Diabète : Multiplie par 2 à 4 le risque d'AOMI
- Hypertension artérielle
- Dyslipidémie : Augmentation du LDL-cholestérol
- Âge : Prévalence augmentant après 50 ans
- Antécédents familiaux de maladies cardiovasculaires
Mesures préventives
- Arrêt total et définitif du tabac
- Équilibre du diabète et surveillance glycémique
- Contrôle de la pression artérielle
- Régime alimentaire sain (méditerranéen)
- Activité physique régulière
- Contrôle du poids et lutte contre l'obésité
Traitements de l'artérite
La prise en charge de l'artérite est multidisciplinaire et dépend du stade de la maladie. Elle combine traitement médical, mesures hygiéno-diététiques et, dans certains cas, interventions chirurgicales.
Traitement médical
- Antiagrégants plaquettaires : Aspirine ou clopidogrel pour prévenir les thromboses
- Statines : Pour réduire le cholestérol et stabiliser les plaques d'athérome
- Inhibiteurs de l'enzyme de conversion : Pour contrôler la tension artérielle
- Vasodilatateurs : Comme le cilostazol dans les claudications
- Antalgiques : Pour les douleurs au repos
Traitements interventionnels
- Angioplastie transluminale percutanée : Dilatation de l'artère avec ou sans stent
- Chirurgie vasculaire : Pontages artériels (aorto-fémoral, fémoro-poplité...)
- Thrombolyse : En cas de thrombose aiguë
- Sympathectomie lombaire : Dans certains cas d'ischémie critique
Intervention de radiologie interventionnelle (Image libre de droits - Unsplash)
Rééducation vasculaire
La marche thérapeutique supervisée est un élément clé du traitement :
- Séances de 30 à 45 minutes, 3 fois par semaine
- Marche jusqu'à apparition de la douleur, repos puis reprise
- Amélioration progressive de la distance de marche
- Effets bénéfiques sur la circulation collatérale
Complications et pronostic
Non traitée, l'artérite peut évoluer vers des complications graves :
- Ischémie critique : Risque d'amputation
- Ulcères artériels : Difficiles à cicatriser
- Gangrène : Nécessitant parfois une amputation
- Accidents cardiovasculaires : Infarctus, AVC (même facteurs de risque)
Bon à savoir : Les patients atteints d'AOMI ont un risque de mortalité cardiovasculaire 3 à 6 fois plus élevé que la population générale, d'où l'importance d'une prise en charge globale des facteurs de risque.
Conseils pratiques et recommandations
Pour les patients atteints d'artérite, certaines mesures quotidiennes peuvent améliorer la qualité de vie et ralentir la progression de la maladie :
Soins des pieds (en cas d'AOMI)
- Inspection quotidienne des pieds
- Lavage à l'eau tiède et séchage minutieux
- Hydratation de la peau (sauf entre les orteils)
- Chaussures adaptées, sans points de compression
- Éviter les blessures et consulter rapidement en cas de plaie
Mode de vie
- Arrêt impératif du tabac (accompagnement recommandé)
- Alimentation équilibrée, pauvre en graisses saturées
- Activité physique régulière adaptée
- Contrôle strict du diabète si présent
- Surveillance régulière par un médecin
Alimentation méditerranéenne bénéfique pour la santé vasculaire (Image libre de droits - Unsplash)
Conclusion
L'artérite est une maladie grave dont la prévalence augmente avec le vieillissement de la population et l'épidémie de maladies métaboliques. Son diagnostic précoce et une prise en charge globale (médicale, interventionnelle et hygiéno-diététique) permettent d'améliorer la qualité de vie des patients et de réduire les risques de complications. La prévention, notamment par l'arrêt du tabac et le contrôle des facteurs de risque cardiovasculaire, reste la meilleure arme contre cette pathologie.
Références et sources
1. HAS (Haute Autorité de Santé) - Prise en charge de l'artériopathie chronique oblitérante des membres inférieurs (2014)
2. Société Française de Médecine Vasculaire - Recommandations sur l'AOMI
3. ESC Guidelines on the Diagnosis and Treatment of Peripheral Arterial Diseases (2017)
4. ANAES - Conférence de consensus sur l'artériopathie oblitérante des membres inférieurs
5. Manuel de médecine vasculaire, Elsevier Masson (2019)
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