La rhinite allergique : Comprendre, diagnostiquer et traiter
La rhinite allergique, communément appelée "rhume des foins", est une affection inflammatoire de la muqueuse nasale déclenchée par une réaction immunitaire excessive à des allergènes environnementaux. Touchant près de 20 à 30% de la population mondiale selon l'OMS, cette pathologie peut altérer significativement la qualité de vie lorsqu'elle n'est pas correctement prise en charge.
Définition et épidémiologie
La rhinite allergique se définit comme un ensemble de symptômes nasaux et/ou oculaires résultant d'une réaction d'hypersensibilité médiée par les immunoglobulines E (IgE) à des allergènes aéroportés. Elle se manifeste principalement par des éternuements, une rhinorrhée (écoulement nasal), une obstruction nasale et des démangeaisons.
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la prévalence de la rhinite allergique a doublé au cours des 20 dernières années dans les pays industrialisés, probablement en raison de l'urbanisation, de la pollution atmosphérique et des changements de mode de vie.
Classification
La rhinite allergique peut être classée selon différents critères :
- Durée : intermittente (moins de 4 jours/semaine ou moins de 4 semaines) ou persistante (plus de 4 jours/semaine et plus de 4 semaines)
- Intensité : légère (sommeil normal, activités quotidiennes normales) ou modérée à sévère (troubles du sommeil, impact sur les activités quotidiennes)
- Allergène en cause : pollens (saisonnière), acariens, moisissures, phanères d'animaux (perannuelle)
Symptômes et diagnostic
Symptômes principaux
La triade symptomatique classique comprend :
- Éternuements en salves, souvent matinaux
- Rhinorrhée claire (écoulement nasal abondant et fluide)
- Obstruction nasale bilatérale
- Prurit nasal (démangeaisons) et parfois palatin ou oculaire
Symptômes associés
- Conjonctivite allergique (yeux rouges, larmoiements, démangeaisons)
- Diminution de l'odorat (hyposmie)
- Toux irritative
- Fatigue et troubles du sommeil
- Pression sinusale
Attention : Une rhinite unilatérale, des écoulements purulents, des douleurs faciales ou des saignements de nez répétés ne sont pas typiques d'une rhinite allergique et nécessitent une consultation médicale pour éliminer d'autres diagnostics.
Diagnostic
Le diagnostic repose sur :
- Anamnèse détaillée : circonstances d'apparition, caractère saisonnier ou non, antécédents personnels et familiaux d'atopie
- Examen clinique : muqueuse nasale pâle et œdémateuse, sécrétions claires, "salut allergique" (frottement répété du nez vers le haut avec la main)
- Tests allergologiques : prick-tests cutanés (méthode de référence), dosage des IgE spécifiques sanguins
Bilans et examens complémentaires
Tests allergologiques
Les principaux examens pour confirmer le diagnostic et identifier les allergènes en cause sont :
- Prick-tests : méthode rapide, peu coûteuse et fiable réalisée sur la peau de l'avant-bras
- Dosage des IgE spécifiques : par prise de sang lorsque les prick-tests ne sont pas réalisables
- Test de provocation nasale : réservé à des cas particuliers en milieu spécialisé
Autres examens
Dans certains cas complexes, le médecin peut prescrire :
- Rhinoscopie antérieure ou endoscopie nasale
- Rhinomanométrie pour évaluer l'obstruction nasale
- Scanner des sinus en cas de suspicion de complication
Traitements de la rhinite allergique
Mesures d'éviction
Première étape essentielle du traitement : réduire l'exposition aux allergènes.
- Acariens : housses anti-acariens, lavage du linge à 60°C, aération quotidienne
- Pollens : éviter les sorties aux heures de forte pollinisation, porter des lunettes, se rincer les cheveux le soir
- Animaux : idéalement éviter d'en avoir, sinon les baigner régulièrement et interdire l'accès à la chambre
Traitements médicamenteux
Plusieurs classes thérapeutiques sont disponibles :
- Antihistaminiques H1 : cétirizine, loratadine, desloratadine (soulagent rapidement les éternuements, prurit et rhinorrhée)
- Corticostéroïdes nasaux : fluticasone, mométasone (traitement de fond le plus efficace sur tous les symptômes)
- Antileucotriènes : montélukast (surtout en cas d'asthme associé)
- Décongestionnants : à utiliser avec parcimonie (risque de rhinite médicamenteuse)
- Collyres antiallergiques : en cas de conjonctivite associée
L'immunothérapie allergénique (désensibilisation) est le seul traitement pouvant modifier l'histoire naturelle de la maladie. Elle est indiquée pour les rhinites allergiques modérées à sévères mal contrôlées par les médicaments.
Conseils et recommandations
Prévention
- Surveiller les calendriers polliniques et adapter ses activités extérieures
- Maintenir un taux d'humidité intérieur entre 45 et 55%
- Éviter le tabagisme actif et passif
- Privilégier les sols lisses et lavables aux moquettes et tapis
Gestion au quotidien
- Se laver le nez régulièrement avec du sérum physiologique ou des solutions de lavage nasal
- Porter un masque lors des activités de jardinage en période pollinique
- Changer de vêtements et se doucher après une exposition prolongée aux allergènes
- Utiliser des filtres à pollen pour la voiture et des purificateurs d'air à domicile
Quand consulter ?
- Symptômes persistants malgré un traitement bien conduit
- Apparition de signes d'asthme (toux nocturne, essoufflement, sifflements)
- Complications (sinusites à répétition, troubles de l'audition)
- Impact important sur la qualité de vie ou le sommeil
Sources et références :
- Organisation Mondiale de la Santé (OMS) - Allergic Rhinitis and its Impact on Asthma (ARIA) guidelines
- Société Française d'Allergologie - Recommandations pour la pratique clinique (2022)
- Journal of Allergy and Clinical Immunology - Consensus international sur la prise en charge de la rhinite allergique
- European Academy of Allergy and Clinical Immunology - White Book on Allergy
Images libres de droits provenant de Unsplash