La maladie de Lyme : Guide complet
La maladie de Lyme, ou borréliose de Lyme, est une infection bactérienne transmise principalement par les tiques. Cette pathologie complexe peut affecter plusieurs systèmes de l'organisme et son diagnostic reste parfois difficile. Cet article fait le point sur tous les aspects de cette maladie : définition, transmission, symptômes, diagnostic, traitement et prévention.
Définition et causes
La maladie de Lyme est une infection causée par la bactérie Borrelia burgdorferi et d'autres espèces apparentées du genre Borrelia. Elle est classée parmi les maladies vectorielles, c'est-à-dire transmises par un vecteur, en l'occurrence les tiques du genre Ixodes.
Agent pathogène
Les bactéries responsables sont des spirochètes du genre Borrelia :
- Borrelia burgdorferi (principalement en Amérique du Nord)
- Borrelia afzelii et Borrelia garinii (principalement en Europe)
- D'autres espèces moins fréquentes comme Borrelia spielmanii ou Borrelia bavariensis
Mode de transmission
La transmission se fait principalement par la piqûre de tiques infectées. Contrairement aux idées reçues :
- La transmission n'est pas immédiate (généralement après 24-48 heures d'attachement)
- Toutes les tiques ne sont pas infectées
- Il n'y a pas de transmission directe entre humains
Symptômes et évolution
La maladie évolue classiquement en trois phases, mais cette progression n'est pas systématique et les manifestations peuvent varier considérablement d'un patient à l'autre.
Phase primaire (3 à 30 jours après la piqûre)
- Érythème migrant : lésion cutanée caractéristique (dans 70-80% des cas), rougeur circulaire s'étendant progressivement (≥5 cm) avec éclaircissement central
- Syndrome grippal (fièvre modérée, fatigue, maux de tête, douleurs musculaires et articulaires)
- Adénopathies locales
Phase secondaire (semaines à mois après)
- Manifestations neurologiques (neuroborréliose) : paralysie faciale, méningite, radiculite douloureuse
- Atteintes articulaires (arthrite de Lyme) : gonflement douloureux des grosses articulations (genou surtout)
- Manifestations cardiaques (rare) : troubles de conduction, péricardite
- Autres manifestations cutanées : lymphocytome borrélien (nodule violacé), érythèmes migrants multiples
Phase tertiaire (mois à années après)
- Arthrite chronique
- Atteintes neurologiques chroniques (encéphalomyélite, neuropathie périphérique)
- Acrodermatite chronique atrophiante (lésion cutanée tardive)
Diagnostic
Le diagnostic repose sur un ensemble d'arguments cliniques et biologiques. Il n'existe pas de test parfait et les résultats doivent toujours être interprétés en contexte.
Diagnostic clinique
L'érythème migrant est suffisant pour poser le diagnostic et initier le traitement sans confirmation biologique. Dans les autres formes, l'interrogatoire recherche une exposition aux tiques et les symptômes évocateurs.
Diagnostic biologique
Il repose sur une sérologie en deux étapes :
- Test ELISA (phase de dépistage) : recherche d'anticorps anti-Borrelia
- Western blot (phase de confirmation) : si ELISA positif ou douteux
Autres examens
Selon les manifestations :
- Ponction lombaire en cas de suspicion de neuroborréliose
- Analyses du liquide synovial en cas d'arthrite
- ECG et échocardiographie en cas d'atteinte cardiaque
- IRM cérébrale dans certaines formes neurologiques
Traitement
Le traitement repose sur les antibiotiques. Le choix de la molécule, la posologie et la durée dépendent du stade et des manifestations cliniques.
Traitement de l'érythème migrant
- Doxycycline (100 mg 2 fois/jour pendant 14-21 jours) - contre-indiquée chez l'enfant <8 ans et la femme enceinte
- Alternatives : amoxicilline ou céfuroxime axétil
Formes disséminées
Les traitements sont adaptés selon les manifestations :
- Neuroborréliose : ceftriaxone IV ou doxycycline per os (3-4 semaines)
- Arthrite de Lyme : doxycycline ou amoxicilline (28 jours)
- Atteinte cardiaque : ceftriaxone IV ou doxycycline per os (14-21 jours)
Prévention et conseils
Prévention des piqûres
- Port de vêtements couvrants et clairs (pour mieux voir les tiques)
- Utilisation de répulsifs (DEET, icaridine, perméthrine pour les vêtements)
- Éviter les zones à risque (herbes hautes, sous-bois) ou rester sur les sentiers
- Inspection minutieuse du corps après une activité en zone à risque
Retrait d'une tique
- Utiliser un tire-tique ou une pince fine
- Saisir la tique au plus près de la peau et tirer doucement mais fermement
- Ne pas appliquer de produit (éther, alcool...) avant retrait
- Désinfecter après extraction
- Surveiller la zone de piqûre pendant 1 mois
Prophylaxie après piqûre
Une antibioprophylaxie par doxycycline (200 mg en dose unique) peut être envisagée dans les 72h après piqûre si :
- La tique était attachée depuis plus de 24h
- Le taux d'infection des tiques dans la région est ≥20%
- Le traitement peut être administré dans les 72h suivant le retrait
- Il n'y a pas de contre-indication
Références et sources
Sources scientifiques :
- Haute Autorité de Santé (HAS) - Borréliose de Lyme : actualités (2019)
- Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF) - Recommandations diagnostiques et thérapeutiques (2019)
- Centers for Disease Control and Prevention (CDC) - Lyme Disease (2021)
- European Concerted Action on Lyme Borreliosis (EUCALB)
- Institut Pasteur - Dossier maladie de Lyme
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