Cancer des glandes salivaires - Santé et Maladie

Cancer des glandes salivaires

Cancer des glandes salivaires : Tout ce qu'il faut savoir

Glandes salivaires et système buccal

Le cancer des glandes salivaires est une pathologie rare mais complexe qui touche les glandes responsables de la production de salive. Bien que représentant moins de 5% de tous les cancers de la tête et du cou, sa prise en charge nécessite une approche multidisciplinaire en raison de la complexité anatomique de la région et de la diversité des types histologiques.

Définition et anatomie

Les glandes salivaires sont divisées en deux groupes principaux : les glandes salivaires majeures (parotides, sous-maxillaires et sublinguales) et les glandes salivaires mineures (environ 600 à 1000 réparties dans la muqueuse des voies aérodigestives supérieures).

Types histologiques

  • Carcinome mucoépidermoïde (le plus fréquent, 30-40% des cas)
  • Carcinome adénoïde kystique (10-15%)
  • Adénocarcinome (10%)
  • Carcinome à cellules acineuses (5-10%)
  • Tumeurs mixtes malignes (5%)
À savoir : La glande parotide est la plus fréquemment touchée (70-80% des cas), suivie des glandes sous-maxillaires (10-15%) et des glandes sublinguales (1%).

Symptômes et signes cliniques

Examen médical de la région cervicale

Les manifestations cliniques varient selon la localisation et le stade de la tumeur. Les symptômes peuvent être discrets au début, ce qui retarde souvent le diagnostic.

Symptômes principaux

  • Masse indolore (dans 60% des cas) ou douloureuse dans la région des glandes salivaires
  • Augmentation progressive de volume
  • Douleurs locales irradiant vers l'oreille (otalgie réflexe)
  • Difficultés à avaler (dysphagie)
  • Paralysie faciale (en cas d'atteinte du nerf facial dans les tumeurs parotidiennes)
  • Ulcération muqueuse pour les tumeurs des glandes salivaires mineures
Alerte : Toute masse des glandes salivaires persistante plus de 3 semaines, surtout si elle est dure, fixe ou associée à des adénopathies, doit faire l'objet d'une exploration spécialisée.

Diagnostic et bilan

Le diagnostic du cancer des glandes salivaires repose sur un ensemble d'examens cliniques, d'imagerie et anatomopathologiques.

Examens d'imagerie

  • Échographie cervicale : Premier examen souvent réalisé
  • IRM : Examen de référence pour l'étude des tissus mous
  • Scanner cervico-facial : Pour l'étude des structures osseuses
  • TEP-scan : Dans le bilan d'extension des formes avancées

Examens anatomopathologiques

  • Cytoponction à l'aiguille fine (CPAF) : Souvent réalisée en première intention
  • Biopsie-exérèse : Pour les petites tumeurs accessibles
  • Biopsie chirurgicale : Pour les tumeurs plus volumineuses

Classification TNM

Le staging repose sur la classification TNM de l'UICC/AJCC (8ème édition) qui tient compte de la taille tumorale (T), de l'atteinte ganglionnaire (N) et des métastases à distance (M).

Traitements

Équipe médicale en consultation

La prise en charge thérapeutique dépend du type histologique, du stade, de la localisation et de l'état général du patient. Elle est généralement pluridisciplinaire.

Chirurgie

Principal traitement des cancers des glandes salivaires localisés. Les techniques varient selon la localisation :

  • Parotidectomie : Totale ou partielle avec préservation du nerf facial quand possible
  • Exérèse de la glande sous-maxillaire
  • Curage ganglionnaire en cas d'atteinte ou de risque d'atteinte ganglionnaire

Radiothérapie

  • Adjuvante après chirurgie en cas de facteurs de mauvais pronostic
  • Exclusive pour les tumeurs inopérables
  • Techniques modernes : radiothérapie conformationnelle avec modulation d'intensité (RCMI)

Chimiothérapie

Rôle limité, principalement dans les formes métastatiques. Les protocoles utilisent souvent :

  • Cisplatine
  • 5-fluorouracile
  • Paclitaxel
  • Médicaments ciblés dans certains sous-types

Pronostic et suivi

Le pronostic dépend de nombreux facteurs : type histologique, grade, stade, qualité de l'exérèse chirurgicale, etc. Le suivi repose sur :

  • Examens cliniques réguliers
  • Imagerie (IRM/Scanner) selon le risque de récidive
  • Prise en charge des séquelles (sécheresse buccale, troubles du goût, paralysie faciale)
Pronostic : Le taux de survie à 5 ans varie de 90% pour les stades précoces à moins de 30% pour les formes métastatiques. Les carcinomes adénoïdes kystiques ont souvent une évolution prolongée avec des métastases tardives.

Conseils et recommandations

Pour les patients

  • Consulter rapidement devant toute masse persistante au niveau des glandes salivaires
  • Arrêter le tabac et limiter la consommation d'alcool
  • Maintenir une bonne hygiène bucco-dentaire
  • Suivre rigoureusement le programme de suivi post-traitement

Pour les professionnels de santé

  • Orienter rapidement vers un spécialiste devant toute suspicion
  • Privilégier une prise en charge dans des centres spécialisés
  • Envisager une discussion en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP)
  • Proposer un soutien psychologique aux patients

Recherche et perspectives

Les avancées récentes concernent :

  • L'identification de mutations génétiques spécifiques (comme dans les tumeurs mucoépidermoïdes)
  • Le développement de thérapies ciblées
  • L'amélioration des techniques de radiothérapie
  • Les techniques de reconstruction chirurgicale
Sources et références :
- National Cancer Institute (2023). Salivary Gland Cancer Treatment.
- Société Française d'ORL (2022). Recommandations pour la pratique clinique : tumeurs des glandes salivaires.
- Barnes L, et al. (2022). WHO Classification of Head and Neck Tumours, 5th Edition.
- Clinical Oncology (2023). Salivary gland tumours: ESMO-EURACAN Clinical Practice Guidelines.
- Institut Curie (2023). Prise en charge des cancers des glandes salivaires.