Cancer de l'endomètre : Guide Complet
Définition
Le cancer de l'endomètre, également appelé cancer du corps utérin, est une tumeur maligne qui se développe à partir des cellules de la muqueuse utérine (endomètre). C'est le cancer gynécologique pelvien le plus fréquent dans les pays développés, se situant au 4ème rang des cancers féminins.
L'endomètre est la muqueuse qui tapisse l'intérieur de l'utérus. Sous l'influence des hormones féminines (œstrogènes et progestérone), il s'épaissit chaque mois pour accueillir une éventuelle grossesse, puis se desquame lors des règles s'il n'y a pas fécondation.
Épidémiologie
Le cancer de l'endomètre touche principalement les femmes après la ménopause, avec un pic d'incidence entre 60 et 70 ans. Environ 7 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année en France, avec une tendance à l'augmentation en raison du vieillissement de la population et de l'augmentation des facteurs de risque.
Types histologiques
On distingue principalement deux types de cancer de l'endomètre :
- Type I (80% des cas) : Adénocarcinome endométrioïde, dépendant aux œstrogènes, de bon pronostic
- Type II (20% des cas) : Carcinomes séreux ou à cellules claires, non dépendants aux œstrogènes, plus agressifs
Facteurs de risque
Plusieurs facteurs augmentent le risque de développer un cancer de l'endomètre :
- Âge : Risque accru après 50 ans
- Obésité : Le tissu adipeux produit des œstrogènes
- Diabète et hypertension artérielle
- Traitement hormonal : Œstrogènes seuls sans progestérone
- Nulliparité : Absence de grossesse menée à terme
- Ménopause tardive (après 52 ans)
- Syndrome des ovaires polykystiques
- Antécédents familiaux de cancer du côlon ou de l'endomètre
L'utilisation prolongée de tamoxifène (traitement du cancer du sein) augmente légèrement le risque de cancer de l'endomètre. Une surveillance gynécologique régulière est nécessaire chez ces patientes.
Symptômes
Le principal symptôme du cancer de l'endomètre est :
- Saignements vaginaux anormaux : surtout après la ménopause (90% des cas)
Autres symptômes possibles :
- Douleurs pelviennes
- Pertes vaginales inhabituelles
- Douleurs pendant les rapports sexuels
- Perte de poids inexpliquée
Diagnostic
Examen clinique
L'examen gynécologique peut être normal ou révéler un utérus augmenté de volume. Le toucher vaginal permet d'évaluer l'extension locale.
Examens complémentaires
- Échographie pelvienne endovaginale : Mesure l'épaisseur de l'endomètre
- Hystéroscopie : Visualisation directe de la cavité utérine
- Biopsie de l'endomètre : Prélèvement pour analyse histologique
- IRM pelvienne : Pour évaluer l'extension locale
- Scanner thoraco-abdomino-pelvien : Recherche d'éventuelles métastases
Classification et stadification
Le cancer de l'endomètre est classé selon le système FIGO (Fédération Internationale de Gynécologie et d'Obstétrique) :
- Stade I : Tumeur limitée au corps utérin
- Stade II : Extension au col utérin
- Stade III : Extension locale ou régionale
- Stade IV : Extension à la vessie, rectum ou métastases à distance
Traitements
Le traitement dépend du stade de la maladie, du type histologique et de l'état général de la patiente.
Chirurgie
C'est le traitement principal pour les stades précoces :
- Hystérectomie totale (ablation de l'utérus)
- Salpingo-ovariectomie bilatérale (ablation des trompes et ovaires)
- Curage ganglionnaire pelvien et lombo-aortique
Radiothérapie
Utilisée en complément de la chirurgie dans certains cas ou comme traitement principal lorsque la chirurgie n'est pas possible.
Chimiothérapie
Réservée aux formes avancées ou métastatiques, ou aux types histologiques agressifs. Les protocoles utilisent souvent des sels de platine.
Hormonothérapie
Peut être proposée dans certains cancers hormonodépendants, notamment chez les femmes jeunes désirant préserver leur fertilité dans des cas très sélectionnés.
Traitements ciblés et immunothérapie
De nouvelles thérapies comme les inhibiteurs de points de contrôle immunitaires (pembrolizumab) sont en développement pour les cancers avancés.
Pronostic
Le pronostic dépend principalement du stade au diagnostic :
- Stade I : Survie à 5 ans de 80-90%
- Stade II : Survie à 5 ans de 70-80%
- Stade III : Survie à 5 ans de 40-60%
- Stade IV : Survie à 5 ans inférieure à 20%
Le cancer de l'endomètre est souvent diagnostiqué à un stade précoce en raison de la survenue précoce de saignements, ce qui explique le bon pronostic global avec une survie à 5 ans d'environ 75% tous stades confondus.
Suivi après traitement
Le suivi a pour but de détecter d'éventuelles récidives et de surveiller les effets secondaires des traitements :
- Examen clinique tous les 3-6 mois pendant 5 ans
- Frottis cervico-vaginal annuel
- Imagerie en cas de symptômes évocateurs de récidive
- Prise en charge des effets secondaires (ménopause précoce, lymphœdème...)
Prévention
Certaines mesures peuvent réduire le risque de cancer de l'endomètre :
- Maintenir un poids santé (IMC < 25)
- Activité physique régulière
- Utilisation de contraceptifs oraux combinés (réduction du risque de 30-50%)
- Surveillance rigoureuse en cas de traitement par œstrogènes seuls
Tout saignement vaginal après la ménopause doit conduire à une consultation médicale rapide. Ce symptôme peut révéler un cancer de l'endomètre à un stade précoce et curable.
Cas particuliers
Femmes jeunes
Chez les femmes jeunes désirant préserver leur fertilité, un traitement conservateur peut être envisagé dans des cas très sélectionnés (adénocarcinome bien différencié, stade précoce) sous stricte surveillance.
Formes héréditaires
Le syndrome de Lynch (HNPCC) prédispose au cancer de l'endomètre. Un dépistage génétique peut être proposé en cas d'antécédents familiaux évocateurs.
Références et sources
- Institut National du Cancer (INCa) - Guide patient Cancer de l'endomètre
- Haute Autorité de Santé (HAS) - Recommandations de bonne pratique
- Société Française de Gynécologie (SFG)
- American Cancer Society - Endometrial Cancer Guidelines
- ESGO/ESTRO/ESP guidelines for the management of endometrial cancer (2021)
Dernière mise à jour : [Date]