L’yposmie ou diminution de l'odorat - Santé et Maladie

L’yposmie ou diminution de l'odorat

L'hyposmie ou diminution de l'odorat

Nez et sens de l'odorat

L'hyposmie, ou diminution partielle de l'odorat, est un trouble olfactif fréquent mais souvent sous-diagnostiqué qui peut impacter significativement la qualité de vie. Contrairement à l'anosmie (perte totale de l'odorat), l'hyposmie se caractérise par une réduction de la capacité à détecter et à identifier les odeurs. Ce trouble peut être temporaire ou permanent, unilatéral ou bilatéral, et résulter de diverses causes qu'il est important d'identifier pour adapter la prise en charge.

Définition et mécanismes

L'hyposmie désigne une diminution quantitative de la perception des odeurs, distincte des troubles qualitatifs comme la parosmie (distorsion des odeurs). Le système olfactif met en jeu plusieurs structures : les cellules réceptrices de la muqueuse nasale, le nerf olfactif et les centres de traitement cérébraux. Une altération à l'un de ces niveaux peut entraîner une hyposmie.

À savoir : L'odorat participe à environ 80% de notre perception des saveurs. Une hyposmie peut donc s'accompagner d'une altération du goût (hypogueusie).

Causes et facteurs de risque

Causes principales

  • Origine naso-sinusienne : Rhinite allergique, sinusite chronique, polypose nasale, déviation de la cloison nasale
  • Infections virales : Notamment le COVID-19 (cause fréquente depuis 2020)
  • Traumatismes crâniens : Lésion des filaments olfactifs ou des centres nerveux
  • Vieillissement : Dégénérescence naturelle des cellules olfactives après 60 ans
  • Exposition toxique : Produits chimiques, métaux lourds, tabac
  • Affections neurologiques : Maladie de Parkinson, Alzheimer, sclérose en plaques
  • Causes médicamenteuses : Certains antibiotiques, antihypertenseurs, chimiothérapies
Examen ORL

Symptômes et diagnostic

Manifestations cliniques

L'hyposmie se manifeste par une difficulté à percevoir les odeurs de façon symétrique ou asymétrique. Les patients peuvent remarquer :

  • Une diminution de l'intensité des odeurs perçues
  • Une nécessité de rapprocher les sources odorantes pour les détecter
  • Une altération concomitante du goût
  • Dans certains cas, des distorsions olfactives (parosmies)

Bilan diagnostique

Le diagnostic repose sur :

  • L'interrogatoire : Antécédents, circonstances d'apparition, facteurs associés
  • L'examen ORL : Endoscopie nasale à la recherche de lésions obstructives
  • Tests olfactométriques : Mesure objective du seuil de détection et d'identification
  • Examens complémentaires : Scanner des sinus, IRM cérébrale si cause neurologique suspectée

Attention : Une perte brutale de l'odorat unilatérale doit faire évoquer un possible neurinome du nerf olfactif et justifie une imagerie cérébrale.

Traitements et prise en charge

Traitements étiologiques

Ils dépendent de la cause identifiée :

  • Origine inflammatoire : Corticoïdes locaux ou systémiques, traitement anti-allergique
  • Polypose nasale : Traitement médical ou chirurgical
  • Origine infectieuse : Prise en charge spécifique (antiviraux si nécessaire)
  • Origine médicamenteuse : Adaptation du traitement après évaluation bénéfice/risque

Traitements symptomatiques

  • Rééducation olfactive : Entraînement quotidien avec des odeurs de référence
  • Supplémentation en zinc : Chez certains patients carencés
  • Vitamine A en spray nasal : En cours d'évaluation pour certaines hyposmies
  • Acupuncture : Efficacité non prouvée mais parfois tentée
Rééducation olfactive

Conseils et recommandations

Pour les patients

  • Maintenir une bonne hygiène nasale (lavages au sérum physiologique)
  • Éviter les facteurs irritants (tabac, pollution, produits chimiques)
  • Adapter son alimentation en privilégiant les textures et les sensations trigéminales (piquant, fraîcheur)
  • Installer des détecteurs de fumée et vérifier les dates de péremption des aliments
  • Pratiquer régulièrement la rééducation olfactive si recommandée

Pour l'entourage

  • Être attentif aux risques domestiques (gaz, aliments avariés)
  • Comprendre l'impact psychologique de l'hyposmie
  • Encourager le suivi médical et la rééducation

Bon à savoir : Après un COVID-19, 80% des patients récupèrent leur odorat en 1-2 mois, mais 5% peuvent garder des séquelles au-delà de 6 mois.

Pronostic et évolution

Le pronostic dépend largement de l'étiologie :

  • Les hyposmies post-virales ont souvent une évolution favorable en quelques semaines à mois
  • Les causes obstructives (polypes) s'améliorent généralement avec le traitement
  • Les hyposmies post-traumatiques ou neurodégénératives ont un pronostic plus réservé

Une prise en charge précoce améliore les chances de récupération, d'où l'importance d'une consultation spécialisée devant toute perte persistante de l'odorat.

Sources et références :

  • Société Française d'ORL - Recommandations sur les troubles de l'odorat (2022)
  • NIH - Disorders of Taste and Smell (2021)
  • Mayo Clinic - Hyposmia evaluation and management (2023)
  • International Journal of Molecular Sciences - Olfactory training mechanisms (2022)
  • OMS - COVID-19 et troubles olfactifs (mises à jour 2023)

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