Le cancer du côlon : Comprendre, Diagnostiquer et Traiter
Le cancer colorectal, communément appelé cancer du côlon lorsqu'il se situe dans le gros intestin, représente un enjeu majeur de santé publique. Deuxième cancer le plus fréquent chez la femme et troisième chez l'homme, sa prévention et son dépistage précoce sont essentiels pour améliorer les chances de guérison. Cet article explore en détail tous les aspects de cette maladie.
Définition et épidémiologie
Le cancer du côlon est une tumeur maligne qui se développe à partir des cellules de la muqueuse du gros intestin (côlon). Il s'agit dans 70% des cas d'adénocarcinomes, se formant à partir des glandes de la paroi intestinale.
Chiffres clés : En France, le cancer colorectal est responsable d'environ 18 000 décès par an. On diagnostique près de 45 000 nouveaux cas annuellement. Le risque augmente significativement après 50 ans.
Facteurs de risque
- Âge : Plus de 90% des cas surviennent après 50 ans
- Antécédents personnels ou familiaux : Polypes, cancer colorectal ou maladie inflammatoire chronique de l'intestin (MICI)
- Mode de vie : Alimentation riche en viande rouge et charcuterie, pauvre en fibres, sédentarité, obésité, tabagisme, consommation excessive d'alcool
- Facteurs génétiques : Syndrome de Lynch (HNPCC) ou polypose adénomateuse familiale (PAF)
Symptômes et signes d'alerte
Le cancer du côlon peut rester asymptomatique pendant longtemps. Lorsque des symptômes apparaissent, ils varient selon la localisation et le stade de la tumeur :
- Troubles du transit : Diarrhée ou constipation inhabituelle, alternance des deux
- Saignements rectaux : Sang dans les selles (rouge ou noir)
- Douleurs abdominales : Crampes, ballonnements persistants
- Altération de l'état général : Fatigue, perte d'appétit, amaigrissement inexpliqué
- Sensation de défécation incomplète
- Anémie ferriprive : Pâleur, essoufflement
Attention : Ces symptômes ne sont pas spécifiques au cancer et peuvent avoir d'autres causes. Cependant, leur persistance au-delà de 3 semaines doit conduire à consulter un médecin.
Diagnostic et bilans
Examen clinique
Le médecin procède à un interrogatoire détaillé et un examen abdominal. Le toucher rectal permet d'évaluer les tumeurs du rectum.
Examens complémentaires
- Coloscopie : Examen de référence permettant de visualiser l'intérieur du côlon et de réaliser des biopsies
- Test de recherche de sang occulte dans les selles (RSOS) : Utilisé dans le dépistage organisé
- Examens d'imagerie : Scanner, échographie, IRM ou PET-scan pour évaluer l'extension
- Biologie : Numération sanguine, marqueurs tumoraux (ACE)
Classification TNM
Le bilan d'extension permet de classer le cancer selon le système TNM :
- T (Tumeur) : Taille et profondeur d'infiltration
- N (Node) : Atteinte des ganglions lymphatiques
- M (Métastases) : Présence de métastases à distance
Traitements
Le traitement dépend du stade de la maladie, de la localisation de la tumeur et de l'état général du patient. Il est décidé en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP).
Chirurgie
Principal traitement des cancers localisés, elle consiste à retirer la portion du côlon atteinte (colectomie) avec les ganglions environnants. Elle peut être réalisée par laparoscopie (technique mini-invasive) dans certains cas.
Chimiothérapie
Utilisée avant la chirurgie (néoadjuvante) pour réduire la taille de la tumeur, ou après (adjuvante) pour diminuer le risque de récidive. Dans les formes avancées, elle vise à contrôler la maladie.
Radiothérapie
Principalement utilisée pour les cancers du rectum, souvent en association avec la chimiothérapie (radiochimiothérapie).
Thérapies ciblées
Pour les cancers métastatiques, des médicaments ciblant des anomalies moléculaires spécifiques (anti-EGFR, anti-angiogéniques) peuvent être proposés.
Immunothérapie
Réservée aux tumeurs présentant des caractéristiques moléculaires particulières (déficit en MMR ou instabilité microsatellitaire).
Pronostic et suivi
Le pronostic dépend principalement du stade au diagnostic :
- Stade I : Survie à 5 ans > 90%
- Stade II : 60-80%
- Stade III : 30-60%
- Stade IV : < 10%
Un suivi régulier est indispensable pour détecter d'éventuelles récidives ou nouveaux polypes. Il comprend des consultations, des examens biologiques (ACE), des coloscopies et des examens d'imagerie selon le protocole établi.
Prévention et dépistage
Prévention primaire
- Alimentation riche en fibres (fruits, légumes, céréales complètes)
- Limitation des viandes rouges et charcuteries
- Activité physique régulière
- Éviter le tabac et l'alcool
- Maintenir un poids santé
Dépistage organisé
En France, le programme national de dépistage propose :
- Un test immunologique de recherche de sang occulte dans les selles tous les 2 ans pour les 50-74 ans
- En cas de test positif, une coloscopie est proposée
- Pour les personnes à risque élevé ou très élevé, un suivi spécifique est mis en place
Saviez-vous ? Le dépistage permet de détecter des cancers à un stade précoce (augmentant les chances de guérison) ou des polypes avant qu'ils ne deviennent cancéreux. Participer au dépistage réduit la mortalité par cancer colorectal de 15 à 30%.
Conseils et recommandations
- Participez au dépistage organisé dès 50 ans, même sans symptôme
- Consultez rapidement en cas de symptômes persistants
- Si vous avez des antécédents familiaux, parlez-en à votre médecin pour un suivi adapté
- Après un traitement, respectez scrupuleusement le programme de surveillance
- Adoptez une hygiène de vie saine pour prévenir la maladie
- N'hésitez pas à demander un soutien psychologique si nécessaire
Sources et références :
- Institut National du Cancer (INCa) - Guide patient Cancer colorectal
- Haute Autorité de Santé (HAS) - Recommandations sur le cancer colorectal
- Société Nationale Française de Gastro-Entérologie (SNFGE)
- Organisation Mondiale de la Santé (OMS) - Fiche cancer colorectal
- American Cancer Society - Colorectal Cancer Guidelines
- European Society for Medical Oncology (ESMO) - Clinical Practice Guidelines
Dernière mise à jour : [Date de publication]