L’hypothyroïdie - Santé et Maladie

L’hypothyroïdie

L'hypothyroïdie : Guide Complet

Système endocrinien

L'hypothyroïdie est un trouble endocrinien fréquent qui touche environ 1 à 2% de la population mondiale, avec une prédominance chez les femmes et les personnes âgées. Cette pathologie résulte d'une production insuffisante d'hormones thyroïdiennes, essentielles au métabolisme de l'organisme. Dans cet article, nous explorerons en détail tous les aspects de cette maladie : définition, causes, symptômes, diagnostic, traitement et conseils pratiques.

Définition et mécanismes

L'hypothyroïdie se caractérise par une diminution de la sécrétion des hormones thyroïdiennes : la thyroxine (T4) et la triiodothyronine (T3). Ces hormones, produites par la glande thyroïde située à la base du cou, jouent un rôle crucial dans la régulation du métabolisme basal, de la température corporelle, du rythme cardiaque et du développement cérébral.

Physiologie thyroïdienne

La production hormonale thyroïdienne est régulée par un axe complexe : l'hypothalamus sécrète la TRH (Thyrotropin-Releasing Hormone) qui stimule l'hypophyse à produire la TSH (Thyroid-Stimulating Hormone). Cette dernière agit sur la thyroïde pour la production de T4 et T3. En cas d'hypothyroïdie, ce système de régulation est perturbé.

Types d'hypothyroïdie

  • Hypothyroïdie primaire (95% des cas) : atteinte directe de la glande thyroïde
  • Hypothyroïdie secondaire : déficit en TSH hypophysaire
  • Hypothyroïdie tertiaire (rare) : déficit en TRH hypothalamique
  • Hypothyroïdie infraclinique : TSH élevée avec hormones thyroïdiennes normales
Glande thyroïde

Causes et facteurs de risque

Causes principales

  • Thyroïdite d'Hashimoto : maladie auto-immune (cause la plus fréquente)
  • Traitements médicaux : chirurgie thyroïdienne, radiothérapie, médicaments (lithium, amiodarone)
  • Carence en iode (rare dans les pays développés)
  • Maladies congénitales (crétinisme)
  • Atrophie thyroïdienne liée à l'âge
À savoir : La thyroïdite d'Hashimoto représente 80% des cas d'hypothyroïdie dans les zones non carencées en iode. Elle associe souvent une augmentation de volume de la thyroïde (goitre) et la présence d'anticorps anti-TPO.

Symptômes et manifestations cliniques

Les symptômes de l'hypothyroïdie sont variés et souvent insidieux, se développant progressivement sur plusieurs mois voire années. Leur intensité dépend du degré du déficit hormonal.

Symptômes de fatigue

Symptômes courants

  • Fatigue persistante et somnolence
  • Prise de poids inexpliquée (4-5 kg) malgré un appétit normal ou diminué
  • Frilosité excessive
  • Ralentissement psychomoteur
  • Constipation
  • Peau sèche, pâle et froide
  • Cheveux secs et cassants, chute de cheveux
  • Voix rauque
  • Myalgies et crampes musculaires

Manifestations spécifiques

  • Myxœdème : infiltration cutanée donnant un aspect bouffi au visage
  • Bradycardie (ralentissement du rythme cardiaque)
  • Dépression ou troubles cognitifs (mémoire, concentration)
  • Troubles menstruels chez la femme (ménorragies ou aménorrhée)
  • Infertilité
Attention : L'hypothyroïdie sévère non traitée peut évoluer vers le coma myxœdémateux, une urgence vitale caractérisée par une hypothermie, une bradycardie extrême et une dépression respiratoire.

Diagnostic et bilans

Le diagnostic de l'hypothyroïdie repose sur un ensemble d'arguments cliniques et biologiques. Le médecin procède d'abord à un examen clinique complet avec palpation de la thyroïde, puis prescrit des analyses sanguines.

Bilan biologique

  • TSH : marqueur le plus sensible (augmentée dans l'hypothyroïdie primaire)
  • T4 libre : diminuée dans les formes patentes
  • Anticorps anti-TPO et anti-thyroglobuline (pour Hashimoto)
  • Bilan lipidique : souvent perturbé (hypercholestérolémie)
  • Numération sanguine : possible anémie normocytaire
Prise de sang

Examens complémentaires

  • Échographie thyroïdienne : évalue la taille et la structure de la glande
  • Scintigraphie thyroïdienne (cas particuliers)
  • ECG : peut montrer une bradycardie sinusale

Traitements et prise en charge

Le traitement de l'hypothyroïdie vise à compenser le déficit hormonal par une substitution médicamenteuse adaptée, associée à une surveillance régulière.

Traitement médicamenteux

La lévothyroxine (L-T4) est le traitement de référence, administrée par voie orale à jeun le matin. La posologie initiale varie selon l'âge, le poids et l'importance du déficit :

  • Adulte jeune : 1,6 μg/kg/jour
  • Personne âgée ou cardiopathe : débuter par 25-50 μg/jour
  • Grossesse : augmentation de 25-30% des besoins
Conseil pratique : Prendre la lévothyroxine à jeun, 30 minutes avant le petit-déjeuner, avec de l'eau uniquement. Éviter la prise concomitante de calcium, fer ou soja qui diminuent son absorption.

Suivi thérapeutique

  • Contrôle de la TSH 6-8 semaines après initiation ou changement de dose
  • Une fois équilibré : contrôle tous les 6 à 12 mois
  • Surveillance clinique : poids, fréquence cardiaque, symptômes
Médicaments thyroïdiens

Conseils et recommandations

Mode de vie

  • Maintenir une activité physique régulière adaptée
  • Alimentation équilibrée riche en fibres (lutte contre la constipation)
  • Apport suffisant en iode (poissons, produits laitiers, sel iodé)
  • Limiter les aliments goitrogènes en excès (chou, soja, manioc)

Situations particulières

  • Grossesse : besoins accrus en hormones thyroïdiennes
  • Ménopause : interaction possible avec le THS
  • Médicaments : certains traitements modifient les besoins (œstrogènes, antiépileptiques)
Important : Ne jamais interrompre brutalement son traitement sans avis médical. En cas d'oubli, prendre la dose oubliée dès que possible sauf si proche de la dose suivante.

Pronostic et complications

Avec un traitement bien adapté et un suivi régulier, les patients hypothyroïdiens mènent une vie tout à fait normale. Cependant, certaines complications peuvent survenir en cas de traitement inadéquat :

  • Aggravation des troubles cardiovasculaires
  • Dépression persistante
  • Infertilité
  • Coma myxœdémateux (exceptionnel)
Suivi médical
Sources et références :
- Société Française d'Endocrinologie (SFE)
- American Thyroid Association Guidelines
- HAS : Hypothyroïdie fruste chez l'adulte (2017)
- Manuel Merck - Version professionnelle
- Williams Textbook of Endocrinology (14th Edition)