Cancer du poumon (adénocarcinome) : Guide Complet
Définition et généralités
L'adénocarcinome pulmonaire est le type histologique le plus fréquent de cancer bronchique primitif, représentant environ 40% des cancers du poumon. Il s'agit d'un cancer qui se développe à partir des cellules glandulaires des bronches ou des alvéoles pulmonaires. Ce cancer appartient à la catégorie des cancers non à petites cellules (CBNPC), qui représentent 85% des cancers pulmonaires.
À savoir : L'adénocarcinome est le type de cancer du poumon le plus fréquent chez les non-fumeurs et chez les femmes. Son incidence a considérablement augmenté au cours des dernières décennies.
Épidémiologie
L'adénocarcinome représente environ 30 à 40% de tous les cancers du poumon. Son incidence est en augmentation, notamment chez les femmes et les non-fumeurs. L'âge moyen au diagnostic se situe entre 60 et 70 ans, bien que des cas plus précoces puissent survenir.
Facteurs de risque
- Tabagisme : Principal facteur de risque, bien que 15-20% des adénocarcinomes surviennent chez des non-fumeurs
- Exposition au radon : Deuxième cause de cancer du poumon
- Exposition professionnelle : Amiante, arsenic, nickel, hydrocarbures aromatiques polycycliques
- Pollution atmosphérique : Particules fines
- Antécédents familiaux : Prédisposition génétique possible
Symptômes et signes cliniques
Les symptômes de l'adénocarcinome pulmonaire sont souvent non spécifiques et peuvent apparaître tardivement dans l'évolution de la maladie. Certains patients sont asymptomatiques au moment du diagnostic, la tumeur étant découverte fortuitement sur une radiographie thoracique.
Symptômes courants
- Toux persistante (plus de 3 semaines) ou modification d'une toux chronique
- Dyspnée (essoufflement) d'aggravation progressive
- Hémoptysie (crachats sanglants)
- Douleur thoracique persistante, souvent unilatérale
- Infections bronchopulmonaires à répétition
- Altération de l'état général : fatigue, amaigrissement, anorexie
Symptômes liés aux métastases
- Métastases cérébrales : céphalées, troubles neurologiques focaux, crises d'épilepsie
- Métastases osseuses : douleurs osseuses, fractures pathologiques
- Métastases hépatiques : ictère, hépatomégalie
- Métastases surrénaliennes : souvent asymptomatiques
Attention : La présence de symptômes ne signifie pas nécessairement un cancer, mais toute toux persistante ou modification de la toux habituelle chez un fumeur doit faire consulter un médecin.
Diagnostic et bilan
Le diagnostic de l'adénocarcinome pulmonaire repose sur un ensemble d'examens cliniques, radiologiques et histologiques. La confirmation histologique est indispensable avant toute décision thérapeutique.
Examens d'imagerie
- Radiographie thoracique : Première étape, peut révéler une opacité pulmonaire
- Scanner thoracique : Examen clé pour caractériser la lésion et rechercher des adénopathies
- PET-scan (TEP-scan) : Évalue l'extension locorégionale et à distance
- IRM cérébrale : En cas de suspicion de métastases cérébrales
Examens endoscopiques
- Fibroscopie bronchique : Permet une visualisation directe et des prélèvements
- Échoendoscopie bronchique (EBUS) : Pour le staging ganglionnaire
- Thoracoscopie : En cas de doute diagnostique ou pour bilan d'extension
Examens histologiques et moléculaires
- Biopsie : Cytologie ou histologie pour confirmation diagnostique
- Analyse moléculaire : Recherche de mutations (EGFR, ALK, ROS1, BRAF, etc.)
- PD-L1 : Expression pour évaluer la réponse possible à l'immunothérapie
Classification et stadification
La stadification de l'adénocarcinome pulmonaire suit la classification TNM (8ème édition) de l'Union Internationale Contre le Cancer (UICC) et de l'American Joint Committee on Cancer (AJCC).
Classification TNM
- T (Tumeur) : Taille et extension locale (T1 à T4)
- N (Nodes) : Atteinte ganglionnaire (N0 à N3)
- M (Métastases) : Présence de métastases (M0 ou M1)
Stades
- Stade I : Tumeur localisée sans atteinte ganglionnaire
- Stade II : Atteinte ganglionnaire hilaire ou tumeur plus volumineuse
- Stade III : Atteinte ganglionnaire médiastinale ou extension locorégionale
- Stade IV : Présence de métastases à distance
Traitements
Le traitement de l'adénocarcinome pulmonaire dépend du stade de la maladie, de l'état général du patient et des caractéristiques moléculaires de la tumeur. Il est multidisciplinaire (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, thérapies ciblées, immunothérapie).
Traitement des stades localisés (I-II)
- Chirurgie : Lobectomie (ablation d'un lobe pulmonaire) par thoracotomie ou vidéothoracoscopie
- Radiothérapie : Alternative à la chirurgie pour patients non opérables
- Chimiothérapie adjuvante : Pour stades II et certains stades IB à haut risque
Traitement des stades localement avancés (III)
- Radio-chimiothérapie concomitante : Traitement standard des stades III non opérables
- Immunothérapie adjuvante : Durvalumab après radio-chimiothérapie
- Chirurgie : Dans certains cas sélectionnés après traitement d'induction
Traitement des stades métastatiques (IV)
- Thérapies ciblées : Pour tumeurs avec mutations (EGFR, ALK, ROS1, BRAF, etc.)
- Immunothérapie : Anti-PD-1/PD-L1 en monothérapie ou combinaison
- Chimiothérapie : À base de sels de platine en l'absence de cible moléculaire
- Traitements locaux : Radiothérapie palliative pour symptômes
Révolution thérapeutique : Les thérapies ciblées et l'immunothérapie ont révolutionné le pronostic des adénocarcinomes avancés, avec des survies prolongées pour certains patients.
Pronostic et suivi
Le pronostic de l'adénocarcinome pulmonaire dépend principalement du stade au diagnostic. La survie à 5 ans varie de 60-80% pour les stades I à moins de 5% pour les stades IV. Les progrès thérapeutiques récents ont significativement amélioré la survie des stades avancés.
Facteurs pronostiques
- Stade TNM
- État général du patient (indice ECOG/PS)
- Présence de mutations ciblables
- Réponse au traitement
Suivi post-traitement
- Examens cliniques réguliers
- Scanner thoracique tous les 3-6 mois pendant 2-3 ans
- Surveillance des effets secondaires des traitements
- Prise en charge des séquelles (fonction respiratoire, fatigue, etc.)
Prévention et recommandations
La prévention primaire reste le meilleur moyen de réduire l'incidence de l'adénocarcinome pulmonaire. Le dépistage précoce peut améliorer le pronostic pour les populations à risque.
Prévention primaire
- Arrêt du tabac : Seul moyen efficace de prévention, bénéfice à tout âge
- Éviction des cancérogènes professionnels : Port des EPI
- Réduction de l'exposition au radon : Mesure dans les habitations
- Lutte contre la pollution atmosphérique
Dépistage
- Scanner thoracique faible dose : Recommandé pour les gros fumeurs (30 paquets-année)
- Consultation précoce : Devant tout symptôme respiratoire persistant
Conseils aux patients
- Arrêt impératif du tabac
- Vaccination contre la grippe et le pneumocoque
- Activité physique adaptée
- Suivi rigoureux des traitements et consultations
- Recours aux soins de support (douleur, nutrition, psycho-oncologie)
Important : L'arrêt du tabac reste bénéfique même après le diagnostic, améliorant la réponse aux traitements et réduisant les complications.
Références et sources
1. HAS - Guide ALD Cancer Bronchique Non à Petites Cellules (2016)
2. ESMO Guidelines for NSCLC (2023)
3. NCCN Guidelines for NSCLC (Version 3.2023)
4. INCa - Les cancers du poumon (2022)
5. WHO Classification of Thoracic Tumours (5th Edition, 2021)
6. American Cancer Society - Lung Cancer (2023)
Images : Unsplash (libres de droits)